Voitures anglaises de légende - Michel Zumbrunn, Richard Heseltine

L'histoire est écrite par les vainqueurs, dit-on. Pourtant, l'industrie automobile britannique, qui eut un rôle essentiel, n'existe plus en tant que telle. Du moins n'est-elle plus complètement implantée dans son pays d'origine. Dans un contexte de mondialisation croissante, les entreprises de Grande-Bretagne ont depuis longtemps fusionné avec d'anciennes rivales ou bien ont été complètement absorbées par de gigantesques multinationales. Parfois, elles ont aussi fait faillite, car elles ne pouvaient plus attendre d'aide de l'Etat. Tout cela aurait dû entamer la fierté nationale. Toutefois, les belles anglaises restent parmi les voitures les plus convoitées du monde. Quelle que soit la nationalité de leur maison mère aujourd'hui, les Aston Martin, les Rolls-Royce, les Bentley, les Jaguar, les MG et les Lotus restent de petits bijoux qui continuent de soulever l'enthousiasme. Elles font partie d'un héritage, ont du caractère et sont réellement somptueuses, 

L'histoire de l'industrie automobile britannique a été marquée par des débuts hésitants et des tâtonnements avant de connaître un développement rapide puis une domination internationale, et enfin un lent et souvent pénible déclin marqué par l'agitation sociale et un excès de confiance qui s'avéra catastrophique. Cette histoire résulte d'efforts humains extraordinaires, d'innovations d'avant-garde, de talents artistiques exceptionnels et démontre une supériorité mondiale dans le domaine du sport automobile. Malgré sa petite taille, du point de vue géographique, la Grande-Bretagne a réellement joué un grand rôle dans l'histoire de l'automobile. En effet, elle représentait jadis le quart de la production automobile mondiale et la moitié des exportations de véhicules ; elle est aussi à l'origine du c0ncept de créneau automobile, notamment celui de voiture de sport ; enfin, elle a permis la création de marques étrangères - ces mêmes marques, qui, ironie du sort, ont dévasté le marché national plusieurs décennies plus tard. La saga est fascinante, souvent complexe, et son écheveau reste difficile à démêler. 

L'introduction de la voiture en Grande-Bretagne fut lente, de même que la gestation de l'industrie automobile. Depuis le XVIJ< siècle, des hommes inventifs s'efforçaient de remplacer les chevaux par une énergie motrice. Nicolas-Joseph Cugnot, Richard Trevithick, Léon Serpollet, le comte Jules-Albert de Dion (0u plutôt ses ingénieurs) et d'autres hommes encore construisirent des véhicules à vapeur qui rencontrèrent plus ou moins de succès. D'autres tentatives concernant des moteurs ,à: c0mbustion interne ('ou « moteurs à explosion ») eurent lieu dès 1805.